Le Salvador et les Droits de L’Homme : Éclairage Sur Les Allegations En Cours

La méthode radicale du président Salvadorien, Nayib Bukele, pose question mais semble aussi inspirée de nombreux pays rencontrant les mêmes problématiques. La méthode radicale du président Salvadorien, Nayib Bukele, pose question mais semble aussi inspirée de nombreux pays rencontrant les mêmes problématiques.

Au fond du gouffre…

Triste record ! Ce taux était nettement supérieur à ceux d’autres nations comme le Mexique (15) et la Colombie (27), toutes deux connues pour leur importante activité de crime organisé. Mais n’est-ce pas au fond de la piscine qu’on peut mettre l’impulsion nécessaire pour remonter ?

Une lumière au bout du tunnel ?

L’arrivée de Nayib Bukele à la présidence salvadorienne en 2019 a marqué un changement de politique, caractérisé par une position ferme contre les crimes liés aux gangs, appelés « maras ». L’approche « poing de fer » de Bukele a été soulignée en mars 2022 lorsqu’il a déclaré l’état d’urgence en réponse à la montée en flèche des niveaux de criminalité. 

Cette action a suspendu divers droits constitutionnels et conduit à l’arrestation de plus de 66 000 personnes. En fait, El Salvador est devenu le pays ayant le taux d’incarcération le plus élevé au monde, selon le World Prison Brief.

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Les médias mainstream n’ont pas manqué de se focaliser sur ce fait, accusant le Salvador de bafouer la démocratie avec tout le tralala habituel. 

Cependant, il ne faut pas oublier que le Salvador est un petit pays avec une population de 6 millions d’habitants, et que les gangs avaient plus de 80 000 personnes à leur service en 2015. Le résultat de la méthode Bukele a été une réduction remarquable des taux de criminalité, avec des homicides volontaires par 100 000 habitants tombant à un plus bas historique de 7,8 en 2022.

Regain économique et touristique immédiat 

Le succès de la stratégie anti-criminalité de Nayib Bukele a tangiblement amélioré la vie des Salvadoriens, leur permettant de reprendre possession de leurs quartiers et de mener une vie enfin normale, un changement radical par rapport à la situation précédente. 

Fini les 4 dollars de racket en fin de journée après avoir durement travaillé pour en gagner 20. Oui il fallait payer pour pouvoir rentrer chez soi, sinon on vous tuait. Ce succès est évident dans les taux d’approbation remarquables de Bukele, qui ont grimpé à 90 % dans les sondages, selon Latinobarómetro, un baromètre d’opinion qui surveille 18 pays d’Amérique latine depuis 1995. 

Ce n’est pas la seule métrique à avoir bondi (source) :

  • PIB ⬆️ 10,3 % ;
  • Revenus du tourisme ⬆️ 52 % ;
  • Emploi ⬆️ 7 % ;
  • Nouvelles entreprises ⬆️ 12 % ;
  • Exportations ⬆️ 17 %.

À fortiori, vous n’êtes pas sans savoir que le Salvador est le premier pays du monde à avoir adopté le bitcoin en tant que monnaie légale au côté du dollar.

Tout un tourisme s’est rapidement développé, de nombreux curieux sont venus et viennent encore tester cette économie avec leur Wallet Bitcoin. Le contexte sécuritaire a permis cette envolée du tourisme. 

La méthode Bukele est-elle la bonne ?

Malheureusement pour certains et toujours selon Latinobarómetro, la satisfaction des Salvadoriens envers la démocratie est également impressionnante, atteignant 64 %, le taux le plus élevé de la région.

Ce sentiment positif coïncide avec une érosion simultanée de l’état de droit et des principes démocratiques au sein d’El Salvador, selon les dires de certaines ONG et autres organismes comme le Advocacy for Human Rights in the Americas. Ses reculs sont dû à l’état d’urgence mis en place, similaire à ce que nous avons pu vivre pendant les confinements par exemple. 

De nombreuses organisations des droits de l’homme ont vivement critiqué la prétendue nature arbitraire de la plupart des arrestations, les présumées violations flagrantes du droit à un procès équitable, les allégations de conditions de détention inhumaines, et les prétendus cas de torture. 

En mars, Amnesty International a également suscité des interrogations en rapport avec les décès énigmatiques de 132 individus en détention étatique. Ces accusations soulevées par les organisations des droits de l’homme nécessitent un examen attentif et équilibré, afin de déterminer leur fondement réel et de ne pas perdre de vue le contexte plus large.

Résonance à l’international

En effet, l’approche de Bukele trouve un écho auprès des dirigeants de régions également touchées. Xiomara Castro du Honduras a lancé une offensive comparable contre les gangs, déclarant l’état d’urgence dans certaines provinces.

L’Équateur a suivi le mouvement après l’assassinat du candidat à la présidence Fernando Villavicencio, invoquant des niveaux de criminalité galopants.

Fait intéressant, l’Équateur a été confronté à un problème comparable de criminalité liée aux gangs au début des années 2000, que le pays a réussi à réduire de manière significative grâce à une approche totalement différente : en légalisant les gangs en 2007.

Cependant, la criminalité liée aux gangs a connu une résurgence dans le pays, revenant à des niveaux presque pré-légalisation.

On est sur le même genre de solution que les salles de shoot pour toxicos à Paris.

En tout cas, le candidat à la présidence en Équateur, Jan Topic, a exprimé son admiration pour la position ferme de Bukele.

Pendant ce temps, les sondages indiquent un désir pour un président à la Bukele en Colombie et, plus récemment, l’élection de Javier Milei en Argentine en tant que candidat à la présidence a fait parlé de lui après que l’un de ses députés, Nahuel Sotelo, se soit rendu à El Salvador et ait ouvertement loué la position de Bukele sur la criminalité.

Quel avenir pour El Salvador ?

L’avenir d’El Salvador reste incertain, mais une leçon centrale a émergé : dans de nombreux endroits, la valeur de la démocratie est mesurée par les améliorations tangibles que les citoyens vivent. Dans le fond, l’État n’est-il pas le garant de la violence légitime ?

Lorsque la menace du crime de rue confine les individus à l’intérieur et les empêche d’entreprendre, l’importance des libertés et des droits des criminels est discutable. Pour beaucoup, la véritable démocratie n’est pas une fin en soi, mais un moyen d’améliorer leur vie.

Pour cette raison, la dernière évaluation des Salvadoriens de leur satisfaction envers la « démocratie » est chargée de considérations complexes auxquelles il faut tenir compte. 

Cette situation soulève de nombreuses questions.

Tout d’abord, si la violence est potentiellement éradiquée, même à un coût aussi élevé, El Salvador sera-t-il disposé ou capable de revenir à un état d’équilibre en se passant de son état d’urgence ?

Le dilemme réside dans la réconciliation de la notion de principes démocratiques avec le besoin urgent de sécurité et de stabilité. Pour le moment il reste certains membres de gangs à mettre sous les barreaux, ils se cachent ou ont fui le pays et le président continue de jouer de ses pouvoirs pour finir ce qu’il a commencé.

De plus, ce scénario soulève la question profonde de savoir si cette approche efficace pourrait servir de précédent pour d’autres pays d’Amérique latine, dont la majorité sont des démocraties qui échouent à se consolider pleinement en raison de défis similaires, liés à des niveaux élevés de violence et de corruption.

La résurgence du crime organisé en Équateur, comme un cas récent, pourrait être considérée dans la région comme un autre échec de la vision appuyée par les organismes se disant des droits de l’homme. 

Ces nations pourraient-elles envisager la suspension temporaire de certaines normes juridiques dans le but d’atteindre une véritable paix et démocratie comme une solution pragmatique ?

Cette perspective utilitariste pousse les sociétés à affronter le compromis inconfortable entre la sécurité immédiate de leurs habitants et la préservation de valeurs démocratiques de longue date. Un numéro d’équilibriste que Nayib Bukele semble maîtriser. 

Ces questions, pouvant paraître étrangères à notre quotidien, vont nous êtres posées de plus en plus à l’avenir. La violence et l’insécurité augmentent en Europe.

Aussi, regardons peut-être du côté de notre classe politique pour y trouver nos maras, une méthode Bukele ne s’imposerait-elle pas ?

Qu’est-ce que les Maras ?

Au Salvador, l’émergence des « maras », des gangs de jeunes ayant des racines aux États-Unis, peut être retracée aux vagues de migration vers la Californie pendant les guerres civiles au Salvador (1980-1992) et au Guatemala (1960-1996). En réponse à la concurrence contre les gangs mexicains bien établis, les Salvadoriens ont créé leurs propres gangs, connus sous le nom de « maras », qui ont évolué en entités de crime organisé hautement violentes.

La fin de la guerre au Salvador et les politiques de déportation des États-Unis dans les années 90 ont incité bon nombre de ces « mareros » à retourner dans leur pays d’origine. À leur retour, ils ont reproduit les structures de gangs violents qu’ils avaient établies aux États-Unis. 

Cependant, leur réintégration a eu lieu dans une nation marquée par 12 années de conflit civil, où les populations civiles étaient armées et où le processus de démocratisation en était encore à ses débuts. Ces conditions ont rendu comparativement plus facile pour eux d’établir leur domination dans des zones appauvries et mal desservies où l’autorité de l’État était limitée.

Les maras d’Amérique centrale, en termes généraux, se caractérisent par leurs activités illicites, y compris leur implication dans le trafic de drogue et aussi d’être humain. Leur mode opératoire comprend des méthodes d’extorsion, par lesquelles ils contraignent les individus à leur donner de l’argent en échange de protection, souvent contre des maras rivaux.

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