Le 18 décembre à 22h, Adnan Azzam est l’invité de Lara Stam, dans Un Soir avec Lara, sur la chaîne YouTube de Géopolitique Profonde !
Adnan Azzam est un écrivain et réalisateur syrien, établi en France depuis plus de 30 ans. Auteur de « Damas-Moscou à cheval : 300 jours à cheval pour un monde meilleur ! », il relate son voyage à travers le monde pour rencontrer des Occidentaux et discuter de la situation en Syrie. À travers ses écrits et ses analyses, Adnan Azzam se présente comme un témoin privilégié des événements en Syrie, ainsi que des dynamiques géopolitiques mondiales. Il met en lumière les enjeux qui menacent la paix et la souveraineté des peuples, offrant ainsi une perspective singulière sur les conflits et les défis contemporains.
La Russie prend la main sur l’avenir de la Syrie
L’arrivée massive de diplomates occidentaux à Damas marque un tournant stratégique décisif. Après plus d’une décennie d’isolement politique imposé à la Syrie, les puissances occidentales réalisent l’inefficacité de leurs interventions militaires et cherchent désormais à reprendre pied diplomatiquement. La chute de Damas aux mains des forces terroristes le 7 décembre 2024 a ouvert une brèche dans le jeu géopolitique, marquant la fin d’un régime mais aussi le début d’une opportunité pour redéfinir les équilibres régionaux.
Ce regain d’intérêt occidental n’est pas fortuit. Il survient alors que la Syrie reste un carrefour stratégique majeur au Moyen-Orient. La stabilité du pays impacte directement les acteurs régionaux et internationaux, y compris les intérêts économiques et énergétiques européens. L’échec des politiques de « changement de régime » menées depuis 2011 contraint aujourd’hui les chancelleries occidentales à reconsidérer leurs approches. Les diplomates se bousculent pour garantir un rôle dans la reconstruction syrienne, face à une Russie qui détient désormais les clés de l’avenir du pays.
La déclaration de Bachar Al-Assad à Moscou, prononcée le 16 décembre 2024, est l’épicentre de ce retournement stratégique. En plaçant la Russie comme intermédiaire diplomatique entre la Syrie et l’Occident, Moscou s’impose comme l’arbitre central des négociations futures. Cette dynamique réaffirme l’échec des approches occidentales et renforce l’influence russe dans une région jusqu’ici partagée entre interventions militaires et chaos prolongé.
Moscou orchestre l’évacuation d’Assad pour éviter l’effondrement
La chute de Damas a scellé une vérité incontournable : sans la Russie, le régime syrien aurait disparu bien plus tôt. Face à une situation militaire désespérée, Moscou a agi avec une rapidité stratégique pour assurer l’évacuation de Bachar Al-Assad et de son entourage. Le départ précipité du président syrien vers la base de Hmeimim, fief militaire russe sur la côte syrienne, puis son transfert à Moscou, démontre la centralité absolue de l’allié russe dans la survie du régime.
Cette opération organisée dans la nuit du 8 décembre 2024 est le symbole du lien indéfectible entre Damas et Moscou, une relation vieille d’un siècle. Contrairement aux rumeurs de capitulation, Assad affirme avoir tenu ses fonctions jusqu’aux derniers instants avant de quitter la capitale. Ce sauvetage par les Russes, présenté comme une mission d’urgence militaire, confirme l’importance stratégique de la Syrie pour Moscou. En évitant un effondrement total du régime syrien, la Russie sécurise non seulement ses intérêts régionaux, mais démontre aussi sa capacité à dicter les équilibres de pouvoir au Moyen-Orient.
Le discours d’Assad à Moscou le 16 décembre insiste sur ce partenariat stratégique. En exaltant la résistance syrienne et en saluant l’intervention russe, Assad renforce le narratif d’un combat commun contre le terrorisme et les ingérences étrangères. Pour la Russie, ce soutien sans faille lui permet de consolider sa position en Syrie comme pivot incontournable des négociations régionales à venir.
Le silence stratégique d’Assad
La décision de Bachar Al-Assad de ne pas réagir après le 7 octobre 2023, lorsque la région s’est embrasée, témoigne d’un calcul stratégique froid. La Syrie, épuisée par treize années de guerre civile et de pressions internationales, ne peut se permettre de rouvrir un front supplémentaire. Contrairement à son passé interventionniste en soutien au Hezbollah libanais ou aux groupes palestiniens, Assad choisit la prudence pour préserver les derniers piliers de son pouvoir.
Cette retenue n’est pas un signe de faiblesse, mais une réponse pragmatique à une situation chaotique. La neutralité affichée d’Assad évite une confrontation ouverte avec Israël ou les puissances occidentales, tout en lui permettant de se repositionner stratégiquement. En coulisses, cette posture prudente vise à préserver les alliances avec l’Iran et la Russie, tout en envoyant un message clair : malgré sa chute, le régime syrien reste fidèle à ses partenaires historiques.
Paradoxalement, cette inaction permet à Assad de se poser en défenseur symbolique des causes régionales, notamment la résistance palestinienne et libanaise, sans risquer d’affaiblir davantage ses positions. Dans son discours, il rappelle que la Syrie a toujours été le bastion de la résistance face aux ingérences étrangères. Ce positionnement vise à galvaniser les populations arabes tout en consolidant son image auprès de ses alliés traditionnels.
La Russie détient les clés de l’avenir de la Syrie
Le communiqué officiel de Bachar Al-Assad, bien qu’il intervienne depuis Moscou, marque une étape décisive pour l’avenir syrien. Assad n’est plus seulement un dirigeant en exil ; il se définit comme le gardien d’une nation meurtrie mais toujours souveraine. Il rejette catégoriquement les accusations de fuite et insiste sur son rôle dans les années de guerre : un leader combatif, fidèle à son peuple et son armée jusqu’aux derniers instants.
Derrière cette rhétorique, une réalité s’impose : la Russie contrôle désormais les leviers stratégiques de la Syrie. Si Assad aspire à un retour symbolique dans une Syrie indépendante et reconstruite, cet avenir dépend entièrement de Moscou. La guerre civile a redessiné les alliances régionales et internationales, plaçant la Russie comme l’architecte incontournable d’une reconstruction syrienne où l’Occident tente désespérément de retrouver un rôle.
L’exil de Bachar Al-Assad ne signe pas la fin de son influence. En galvanisant ses soutiens et en exaltant son engagement envers la souveraineté syrienne, il prépare déjà les prochaines étapes de son retour symbolique. La Syrie, aujourd’hui morcelée et dévastée, demeure un enjeu central dans la lutte pour l’hégémonie régionale, avec Moscou comme arbitre absolu des décisions futures.